C’est une réalité qui n’épargne presque personne, et qui a des conséquences dramatiques sur de nombreux parcours de vie. Pour l’économiste Erwann Tison, « la promesse républicaine est rompue ».
Acheter un appartement avant 30 ans, partir en vacances sans compter, épargner facilement chaque mois… Ces projets qui semblaient accessibles à nos parents paraissent désormais hors de portée pour beaucoup de jeunes actifs. Entre l’explosion des prix de l’immobilier, la stagnation des salaires et la multiplication des contrats précaires, le pouvoir d’achat des nouvelles générations s’érode. Là où les baby-boomers ont pu construire leur patrimoine rapidement grâce à une croissance économique exceptionnelle, leurs enfants et petits-enfants font face à une réalité bien différente. Cette situation crée des tensions familiales inédites, avec des parents propriétaires qui peinent à comprendre les difficultés financières de leurs enfants diplômés.
Les chiffres le confirment. Selon l’économiste Erwann Tison, interrogé dans l’émission « Questions du soir d’été » sur France Culture, les perspectives d’évolution salariale se sont considérablement dégradées. Dans son analyse, l’expert souligne que les jeunes expriment clairement leur inquiétude : « je n’ai pas l’impression que je vais vivre aussi bien que mes grands-parents », notamment en termes de salaire, d’accès à la propriété, à l’emploi et à l’épargne. L’expert rappelle les travaux d’Antoine Foucher, spécialiste des questions sociales, qui montrent qu’une révolution s’est opérée : « dans les années 70, vous doubliez votre salaire d’à peu près tous les 10 ans. Aujourd’hui, il faut 80 ans pour doubler votre salaire. »
Cette stagnation a des conséquences dramatiques sur les parcours de vie de nombreux Français : « quand vous entrez sur le marché du travail au SMIC, malheureusement, vous en sortez à 1600, 1700 euros. Donc, vous passez votre vie, en fait, vous êtes cloisonné quelque part dans la même catégorie socioprofessionnelle. » Pour Erwann Tison, « la promesse républicaine est rompue » car malgré les études et l’investissement dans le capital humain, « ça ne suffit pas de nos jours à accéder à ce qui faisait quelque part le sel de la vie de tous les jours avant, c’est-à-dire pouvoir jouir de son propre travail, se loger et fonder une famille sereinement. »
source : Journal des femmes