Les surnoms comme « Poil de carotte », « grande perche », ou « bigleux » que se donnent parfois les enfants entre eux peuvent être blessants. Ces remarques, souvent faites par les camarades, peuvent provoquer chez certains enfants des complexes liés à leur apparence physique. Mais alors, comment leur venir en aide ? Quand faut-il s’inquiéter ?
Dès l’entrée en primaire, certains enfants commencent à exprimer des souffrances concernant leur physique. Ils peuvent se sentir « moches », « différents » ou « pas dans la norme », surtout si leurs camarades se moquent d’eux. Ces critiques peuvent avoir des conséquences durables. Le psychologue Joseph Content explique comment soutenir un enfant dans cette situation.
À partir de quel âge un enfant peut-il être complexé ?
Avant 7 ans, l’enfant ne critique pas souvent son propre corps. Passé cet âge, il commence à prendre conscience de son image et de celle des autres. Il devient plus sensible à la façon dont il est perçu, peut se comparer à ses pairs et ressentir le besoin d’être « comme dans les autres ». Selon Joseph Content, « le complexe naît toujours du regard des autres« , un regard qui n’est pas toujours facile à accepter, surtout lorsqu’il ne correspond pas à l’image que l’enfant souhaite avoir.
Que traduisent ces complexes ?
Au-delà de l’aspect physique, le complexe révèle souvent une « vulnérabilité psychique » et un « manque de confiance en soi« . La société, les médias et les réseaux sociaux imposent des idéaux de beauté. Face à ces standards, l’enfant peut développer une image de lui-même en fonction de ce qu’il pense devoir être pour être accepté.
Une remarque désobligeante sur son apparence peut alors faire naître chez lui des doutes : « si je ne corresponds pas à tel code, je ne suis pas dans la norme et je risque le rejet« . La recherche de normalité peut ainsi créer des complexes qui altèrent sa perception de soi. Joseph Content souligne aussi que les enfants dont les parents évoquent leurs propres complexes peuvent aussi penser qu’il faut conformer leur apparence aux normes véhiculées par la société.
Enfant complexé : ce qu’il faut éviter de dire
Face à la détresse d’un enfant, certains parents peuvent avoir tendance à minimiser ses souffrances ou à les nier. Or, il est préférable d’écouter l’enfant et de l’encourager à verbaliser ses émotions. En revanche, il faut éviter les propos stigmatisants ou la pitié, qui risqueraient d’aggraver son mal-être. Par exemple, des phrases comme « Tu n’as pas de chance » ou « Ça va s’arranger » peuvent le faire se sentir incompris ou impuissant. La pitié pourrait également renforcer sa gêne face à son défaut physique.
La meilleure manière de réagir face à un enfant complexé par son corps
Pour aider un enfant à accepter ses particularités, il est conseillé de faire appel à ses figures d’attachement : ses héros, sportifs ou personnages préférés qu’il admire et avec lesquels il peut s’identifier. En racontant l’histoire d’une star ayant les mêmes caractéristiques physiques, vous pouvez lui montrer qu’il n’est pas seul. Il est également utile de lui parler de votre propre vécu, en lui expliquant que chacun a des particularités et qu’elles font partie de ce qui nous rend uniques.
Sans nécessairement envisager des modifications importantes (comme une opération ou une teinture), il est possible d’atténuer certains traits pour renforcer la confiance de l’enfant. Par exemple, changer de lunettes, utiliser un appareil dentaire ou lui proposer un soin contre l’acné peut lui permettre de se sentir mieux. Enfin, il est essentiel de lui apprendre à répondre aux moqueries. En lui expliquant que ces remarques viennent souvent de la peur de la différence, Joseph Content invite l’enfant à faire preuve d’empathie en demandant : « Aimerais-tu que je me moque de toi ? » ou « Que dirais-tu si je te faisais une remarque sur ton physique ? ». Cela lui donne des outils pour mieux gérer ces situations et relativiser les jugements négatifs des autres.
