Son mari a très mal réagi.
J’ai 25 ans. Je suis en couple avec mon premier amour, mais ça ne va plus du tout entre nous. On passe notre temps à se disputer, et forcément, notre petit garçon de 5 ans en souffre. Il devient pénible en classe. Régulièrement convoquée par son instituteur, je noue peu à peu un contact privilégié avec lui. Il est tout le contraire de mon mari : fantasque, rebelle, artiste. À la maison, quand je rentre, je vois le père de mon fils construire ses maquettes de bateaux pendant des heures. Et je commence à me demander si je ne me suis pas trompée de vie.
Les choses se dégradent au fil des mois. Je travaille comme employée de banque et je sors le soir avec mes collègues, souvent tard. Je n’ai plus envie de rentrer dans ce pavillon de banlieue qui me fait horreur. Mais du coup, je vois moins mon fils, et son comportement insolent ne fait qu’empirer à l’école. Je raconte tout à son instituteur, parce qu’il faut bien qu’il comprenne ce que mon fils vit, pourquoi il est si difficile à canaliser. Je remarque une étrange lueur dans ses yeux pendant que je lui décris le désastre de mon mariage.
Lui aussi est en couple, mais dans une sorte de couple ouvert où chacun fait ce qu’il veut. Très « hippie », il vit dans une maison partagée avec d’autres personnes. Ça a l’air tellement plus amusant que ma vie ! Un soir, ulcérée par les remontrances de mon mari sur la tenue de la maison — que, clairement, je néglige — je pars tout droit vers le domicile de l’instituteur. Il n’habite qu’à dix minutes de marche, et comme il m’a déjà décrit assez précisément l’endroit, je suis sûre de trouver. Et je trouve.
Nous parlons longtemps ce soir-là. Très vite, on tombe amoureux. Je ne repars pas. Effectivement, c’est l’auberge espagnole chez lui : il y a du monde tout le temps, ça joue de la musique, ça rit, ça vit. J’adore ce goût de liberté. Évidemment, avec mon mari, c’est très compliqué. Je perds la garde de mon fils pendant plusieurs années. Je me sens tellement honteuse et coupable de lui faire endurer ça. Heureusement, on est déjà en mars, l’année scolaire est bien avancée, et il n’a pas à supporter trop longtemps cette situation bizarre de « ma mère habite chez mon maître et plus chez moi ». Comme il est petit, je lui dis simplement que maman aime beaucoup le maître, et qu’elle préfère, pour le moment, rester avec lui. Mais il est triste de ne plus m’avoir à la maison.
Source : Journal des femmes
